Mes derniers coups de cœur lecture #32

Lebensborn, de Isabelle Maroger, éd. Bayard, 2024 – BD

Un matin qu’elle se promène avec son fils, bébé, Isabelle Maroger se fait interpeller par une femme qui la complimente pour ce bel enfant blond aux yeux bleus et ajoute « ça devient rare comme race »… Un choc pour Isabelle, qui réalise qu’il est temps pour elle de raconter son histoire. Car si elle est, elle aussi, grande, blonde et aux yeux bleus, c’est parce qu’elle est à moitié norvégienne. Sa mère est née, pendant la guerre, dans un Lebensborn, ces maternités mises en place par les nazis pour produire à la chaîne de bons petits aryens. [résumé de l’éditeur]

Coup de cœur pour cette BD, à la fois récit de vie personnel et document sur le Lebensborn dont je ne connaissais qu’une facette. L’autrice s’interroge sur son histoire familiale et nous invite à suivre sa quête. On se pose des questions, on découvre une page d’histoire assez méconnue… Le dessin est très agréable et nous accompagne dans cette BD qui se lit assez facilement, ponctuée d’humour.

Adieu Birkenau, de Ginette Kolinka, Jean-David Morvan, Victor Matet, éd. Albin Michel, 2023 – BD

En avril 1944, à 19 ans Ginette Kolinka est déportée au camp d’extermination Auschwitz II-Birkenau. Elle n’en parle pas durant 50 ans, avant d’accepter d’être filmée pour la « Shoah Foundation », que Steven Spielberg vient de créer. À la grande surprise de la septuagénaire, les souvenirs enfouis rejaillissent. Elle se lance à corps perdu dans le témoignage. En octobre 2020, à 95 ans, elle permet à Victor Matet et Jean-David Morvan de l’accompagner lors d’un de ses voyages de groupe en Pologne, à l’issue duquel elle décide de ne plus jamais revenir. [résumé de l’éditeur]

J’ai beaucoup aimé cette BD, écrite sous la houlette du génial Jean-David Morvan, qui met en parallèle à la fois la déportation et le vécu de Ginette Kolinka dans les camps, et à la fois le témoignage qu’elle tient à apporter à la jeunesse. C’est sérieux et dramatique, mais sincère et juste.

1000 baisers pour un garçon, de Tillie Cole, éd. Le livre de Poche, 2018 – Roman

Poppy et Rune sont amoureux depuis l’enfance. Ils pensaient que rien ni personne ne pourraient jamais les séparer. Jusqu’au jour où Rune part pour deux ans dans sa Norvège natale. Pourquoi Poppy cesse-t-elle alors de répondre aux appels de Rune  ? Pourquoi coupe-t-elle les ponts, sans raison, sans explication  Rune a le sentiment qu’on lui arrache le cœur. Poppy, elle, a le cœur brisé par un secret bien trop lourd. [résumé de l’éditeur]

J’étais curieuse de découvrir ce roman jeunesse qui a rencontré un immense succès, tout en ayant peur d’être déçue par le style d’écriture. Bonne surprise, le récit est bien mené et la traduction est limpide. L’histoire de ces deux adolescents est très touchante, on y retrouve la fraîcheur des relations de jeunesse, où on aime de toutes ses forces pour toute la vie. Un beau moment sur la sincérité des sentiments.

Bobigny 1972, de Marie Bardiaux-Vaïente et Carole Maurel, éd. Glénat, 2024 – BD

En 1972, Marie-Claire Chevalier, enceinte à la suite d’un viol, est dénoncée pour avortement clandestin par son propre agresseur. L’avortement est encore, à cette époque pas si lointaine, un délit passible d’une très forte amende et même d’incarcération. Sa mère qui a tout mis en œuvre pour lui venir en aide, ainsi que des femmes ayant pris part aux événements, comparaissent elles aussi devant la justice, pour complicité. Cette affaire dramatique tristement banale devient l’un des grands procès historiques par le concours de Gisèle Halimi, avocate de toutes les grandes causes féministes et antiracistes. Elle s’empare de l’histoire de Marie-Claire et de sa mère, pour créer un électrochoc médiatique, public et sociétal. Elle ne défend plus une jeune femme « coupable » d’avortement, elle attaque les lois et politiques anti-abortives qui sévissent en France. Forte du soutien de grandes stars françaises, actrices, intellectuelles, journalistes mais aussi personnalités politiques, Maître Halimi a pour objectif de provoquer une jurisprudence dont le tribunal de Bobigny devient le théâtre. [résumé de l’éditeur]

Encore un coup de cœur pour ce nouvel album de Carole Maurel dont j’apprécie beaucoup le travail ! J’ai retrouvé avec plaisir son coup de crayon si caractéristique, au service d’une histoire grave mais tellement importante : le procès de Bobigny en 1972 qui aboutit à la loi Veil sur la légalisation de l’avortement en France. Le récit est extrêmement bien mené, on suit avec passion le déroulé du procès et le rôle de chaque personne. Une pépite !

Vierges – La folle histoire de la virginité, de Elise Thiebaut et Ellea Bird, éd. Le Lombard, 2024 – BD

En partant de sa propre expérience, Élise Thiébaut explore avec Elléa Bird le tabou de la virginité. Pourquoi est-il si important dans l’Histoire et dans la plupart des cultures ? Que nous dit-il de la condition des femmes, de la sexualité, des religions et de la science ? Une épopée passionnante et drôle, où se croisent les vestales romaines, la Vierge Marie, la grande Artémis mais aussi Jeanne d’Arc et Britney Spears ! Et qui dévoile les dessous d’un mythe toujours puissant, plus riche de sens qu’on l’imagine. [résumé de l’éditeur]

J’ai trouvé cette BD vraiment intéressante, sur un sujet assez peu traité. L’autrice est une habituée des sujets liés aux femmes et à la féminité, j’ai donc trouvé que son discours était assez orienté et qu’il manquait peut-être certains aspects (la virginité dans la religion, pour éviter les grossesses hors mariage par exemple) mais j’ai passé un bon moment de lecture, Élise Thiébaut traite le sujet de la virginité dans notre société historique et actuelle avec analyse et humour. 

Le printemps de Sakura, de Marie Jaffredo, éd. Vents d’Ouest, 2022 – BD

Sakura, 8 ans vit à Tokyo. Depuis le décès accidentel de sa maman quelques années auparavant, la fillette n’arrive pas à surmonter son chagrin. Obligé de s’absenter quelques semaines pour raisons professionnelles, son papa, français d’origine, décide de la confier à sa grand-mère japonaise. Mais les premiers moments avec cette aïeule vivant de façon traditionnelle au rythme de la nature, plongent l’enfant dans un désarroi encore plus grand ! Pourtant, contre toute attente, ce séjour va profondément transformer Sakura… [résumé de l’éditeur]

Une BD toute en légèreté, sur le deuil, les plaisir simples de la vie, les rencontres et le lien entre les générations. Un moment de douceur qui fait du bien, avec de magnifiques dessins.

Le clan des Otori, tome 3, de Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier, d’après Lian Hearn, éd. Gallimard, 2022 – BD

Alors que Takeo s’apprêtait à tuer sire Iida, chef du clan Tohan, il est fait prisonnier par la Tribu. Son père adoptif, Sire Otori, est désormais condamné, seul aux mains d’ennemis trop puissants. Quant à Kaede, sentant la mort roder autour d’elle et de ceux qui lui sont proches, elle sombre peu à peu dans la mélancolie… Takeo devra-t-il renoncer à son nom ? Les deux amoureux parviendront-ils à joindre leur destin par delà les coups du sort ? [résumé de l’éditeur]

Superbe ! On sent qu’en trois tomes, le dessin a évolué, je le trouve plus agréable, certaines planches sont absolument magnifiques. L’histoire est toujours bien menée et fidèle au roman, le suspense monte… Un bel apothéose pour ce cycle (ce troisième tome de la BD correspond à la fin du premier cycle des romans du Clan des Otori), un vrai plaisir de lecture qui permet de retrouver un Japon médiéval imaginaire et des personnages courageux.

13 raisons, de Jay Asher, éd. Le livre de Poche, 2017 – Roman

Clay Jensen reçoit sept cassettes enregistrées par Hannah Baker avant qu’elle ne se suicide. Elle y parle de treize personnes qui ont, de près ou de loin, influé sur son geste. Et Clay en fait partie. D’abord effrayé, Clay écoute la jeune fille en se promenant au son de sa voix dans la ville endormie. Puis, il découvre une Hannah inattendue qui lui dit à l’oreille que la vie est dans les détails. Une phrase, un sourire, une méchanceté ou un baiser et tout peut basculer. [résumé de l’éditeur]

Malgré une thématique très difficile, j’étais intéressée par ce livre : l’adaptation en série par Netflix a rencontré un franc succès et je voulais lire le roman initial. J’ai eu quelques difficultés à « rentrer dedans » mais j’ai ensuite été happée par le récit de cette jeune fille qui explique avec justesse tout ce que peuvent subir des adolescents : les moqueries, l’impuissance face à certaines situations, les agressions sexuelles… Malheureusement, la fin, connue d’avance, est dramatique mais le livre donne la part belle à la parole et encourage les lectrices et lecteurs à se confier, à savoir que des solutions peuvent toujours être trouvées et qu’il existe des personnes bien, heureusement.

(Ir)régulièrement, je vous propose mes coups de cœur ! Ils ne sont pas représentatifs de tout ce qui passe entre mes mains car je ne sélectionne que le meilleur !

4 commentaires sur « Mes derniers coups de cœur lecture #32 »

  1. Bonsoir,

    Merci pour ces conseils lecture. C’est aussi une source d’inspiration pour de futurs cadeaux. Hier, j’ai entendu une présentation d’une nouvelle BD de Manu Larcenet, la Route d’après le livre de Cormack Mac Carthy. Les critiques étaient élogieuses.

    Bien amicalement,

    Murielle

    J’aime

  2. Comme la littérature jeunesse est large et comme elle a évolué par rapport à ma propre jeunesse… beaucoup de choix sur des sujets plus « ouverts »  

    Au début du collège je pense que j’étais encore AU CLUB DES CINQ… puis à la bibliothèque j’ai découvert les livres de DELLY, nos romans « romance » à nous, le sexe en moins… et les GUY DES CARS….Les ARSENE LUPIN grâce à mon cousin.. II m’avait aussi parlé de Tolken, je m’en souviens bien… c’était les années 70… MOLIERE au collège et BEAUMARCHAIS que j’adorais.

    Puis je suis passé aux auteurs classiques au lycée et grâce aux profs. Et aux lectures imposées qui furent un vrai régal pour moi… ZOLA est à ce moment là une vraie révélation. Je lisais aussi beaucoup HERVE BAZIN…. peut être grâce à l’abonnement au Club du livre de mes parents, car lui c’est un vrai auteur des années 70, comme Patrick Cauvin. Et les auteures féministes comme Benoîte Groult.

    Pour les documentaires, il y avait TOUT L’UNIVERS et les dictionnaires…

    Merci de nous faire partager ces beaux titres Lucie. Bonne fin de semaine et bon WE Pascal. Familial et normand sur Caen pour nous.

    J’aime

    1. Bonsoir Joëlle, oh c’est drôle moi aussi j’ai été happée par la littérature classique au lycée ! Une vraie révélation.
      La littérature jeunesse s’est beaucoup étoffée, avec une prépondérance sur des sujets dramatiques comme les maladies graves, le suicide…
      Je partage avec plaisir 🙂 Très belle fin de semaine, pour nous Pâques se fera à la maison en bonne compagnie ! A bientôt, Lucie

      J’aime

Laisser un commentaire